Devenir des assistantes et assistants socio-éducatifs dans le canton de Vaud
Sur mandat de l'OrTra Santé-Social Vaud, la HETS-Genève a mené une étude sur le devenir des assistantes et assistants socio-éducatifs (ASE) dans le canton de Vaud (18.02.2022). La recherche permet de souligner l'adéquation des personnes formées en termes de réponses aux besoins des institutions et d’évaluer le nombre d’ASE nécessaire dans le canton de Vaud à l’horizon 2030, ainsi que la faisabilité pour atteindre les objectifs. Les résultats distinguent les différentes filières d'apprentissages, dont celle du secteur de l'enfance.
Quelques éléments extraits du rapport
- La vaste majorité des ASE inclu-se-s dans cette recherche sont des femmes, à savoir 83,6% des personnes contenues dans le fichier. En 2018 dans le canton de Vaud, les femmes représentaient 44,5% des apprenti-e-s ayant réussi leurs examens finaux (source : site internet OFS, STAT-TAB).
- La formation professionnelle d’assistant-e socio-éducatif-ve (ASE) rencontre un vif succès depuis son introduction en 2009. Elle est organisée selon trois orientations (enfance, handicap, personnes âgées), plus une orientation généraliste.
- La formation d'ASE est massivement briguée par les femmes (par exemple, 86% en 2016 en Suisse) et offre à ses diplômé-e-s des chances plus importantes de trouver un emploi au terme de la formation que pour les titulaires d’autres CFC (Mouad et al., 2012; Trede, Müller, Neumann, & Kriesi, 2017).
- L’obtention d’un CFC d’ASE ne marque pas forcément la fin de la transition vers le marché du travail. 40% des personnes qui étaient en dernière année de la formation d’ASE en 2016 ont déclaré qu’elles envisageaient de reprendre leurs études dans une formation supérieure (HES ou ES) 18 mois après l’obtention du CFC d’ASE. La part des personnes affirmant vouloir se maintenir dans le statut d’ASE s’élevait aussi à 40% (Trede et al., 2017).
- Pour les apprenti-e-s ASE en accompagnement des personnes âgées et de la filière généraliste, les motifs liés à la garantie de l’emploi, des possibilités de formation continue ou un bon salaire ont plus d’importance que pour les apprenti-e-s ASE en accompagnement des enfants (Trede et al., 2017).
- Les motifs liés au caractère altruiste et social du travail sont dominants dans le choix des apprenti-e-s ASE, la diversité des tâches et la possibilité dePuisqu’environ 400 personnes par année obtiennent un CFC d’ASE depuis 2015, cela ne semble pas
être un objectif difficile à atteindre. suivre des formations continues ou le faible risque du chômage jouent aussi un rôle dans le choix de la formation, même si c’est de manière secondaire. Pour les apprenti-e-s ASE en accompagnement des personnes âgées et de la filière généraliste, les motifs liés à la garantie de l’emploi, des possibilités de formation continue ou un bon salaire ont plus d’importance que pour les apprenti-e-s ASE en accompagnement des enfants (Trede et al., 2017).
En relation avec le contexte vaudois
- La formation tertiaire la plus suivie pour les personnes ayant suivi un apprentissage dual (ou fait valider leurs acquis professionnels) est une formation ES.
- Le deuxième grand type de séquences de formation pour accéder au CFC d’ASE, qui ne sera bientôt plus proposée, tourne autour de la formation ECG/maturité professionnelle santé-sociale/CFC d’ASE, et représente environ un quart de tous les cas. Dans plus de la moitié de ces cas, une formation tertiaire a déjà été entamée, très majoritairement une formation HES.
- Au total, en prenant en compte tous les parcours, plus d’un-e ASE sur cinq (22,3%) a débuté une formation tertiaire. Environ un quart de ce groupe a suivi une formation ES et trois-quarts une formation HES. Sur la même période, pour l’ensemble des apprenti-e-s vaudois-e-s, on constate qu’à la fin de la période d’observation, 4,6% ont transité vers les ES et 6,0% vers les HES. On constate donc que les taux de transition vers les formations tertiaires est beaucoup plus élevé pour les ASE, mais il faut se
souvenir que bon nombre de détenteur-trice-s du CFC d’ASE l’ont obtenu à la suite d’un passage à l’ECG, possibilité qui n’existe pas pour la plupart des apprentissages. - Près de six répondant-e-s sur dix ont effectué un apprentissage dual (57,9%), alors qu’un bon quart (26,6%) est passé par l’option socio-éducative de l’ECG. Enfin, un-e répondant-e sur sept (14,5%) a obtenu son CFC via la validation des acquis ou l’article 32.
- Un-e ASE sur neuf (11,4%) ayant déjà travaillé depuis l’obtention du CFC a quitté le domaine du social. L’écrasante majorité (87,4%) des personnes formées dans
le domaine de l’enfance restent dans ce domaine, contre environ six sur dix dans le domaine des personnes âgées (61,3%) et dans le domaine du handicap (64,3%). - Les ASE actif-ve-s dans le domaine de l’enfance donnent les évaluations les plus favorables du métier d’ASE, ont le moins fréquemment l’intention de changer de domaine au sein du social ou de quitter complètement le domaine du social.
- Le domaine principal du social dans lequel les répondant-e-s ont obtenu leur CFC est celui de l’enfance, suivi du domaine de la prise en charge de personnes âgées, puis par le domaine de la prise en charge des personnes en situation de handicap. Un tiers des répondant-e-s a suivi une formation généraliste.
Perspectives vaudoises à l'horizon 2030 et adéquation avec les besoins des institutions
- L’augmentation du nombre d’ASE actif-ve-s dans le domaine de la prise en charge des enfants par rapport au nombre actuel (2020) se situera dans l’intervalle : +17,3% à + 20,4%. Ceci implique une hausse du nombre d’ASE d’au minimum 339 et au maximum 423 pour couvrir les besoins à l’horizon 2030. Puisqu’environ 400 personnes par année obtiennent un CFC d’ASE depuis 2015, cela ne semble pas être un objectif difficile à atteindre.
- Il y a relativement peu de formations interrompues (moins de 5%), et que près de la moitié des personnes concernées est encore en formation, ce qui est lié à l’année durant laquelle le CFC a été mené à terme
- Seule une très petite minorité (6,9%) des personnes travaillant dans le domaine de l’enfance envisage de quitter le social, cela est évoqué par plus d’une personne sur huit (13,2%) travaillant dans le domaine du handicap, et par près d’une personne sur cinq (19,7%) dans le domaine de la prise en charge des personnes âgées.
- La très grande majorité des détenteur-trice-s du CFC d’ASE - plus de 90% - ne fait pas l’expérience du chômage, ou alors un chômage très court (moins de six mois), ce qui montre que l’offre d’ASE n’est pas excessive et correspond aux besoins des terrains.
- 11,4% des diplômé-e-s de la période observée ont déjà quitté le social, mais ce taux s’élève à 21,8% pour les formations généralistes, à environ 9% pour les domaines personnes âgées et handicap. Ce taux est de seulement 5,2% pour le domaine de l’enfance.
- La principale conclusion est que, en 2030, l’augmentation du nombre de places en pré- et parascolaire, en comparaison avec l’année 2020, permettant de maintenir le taux de couverture actuel (51% des besoins, qui correspond à 18,9% des enfants) – sachant que le nombre de places institutionnelles s’élève à 28'851 en 2020 selon l’Office de l'accueil de jour des enfants - s’élève à 17,3% (+4'993 places par rapport aux 28’851 de 2020).