Crèches publiques, crèches privées : un débat chronique et chronophage
Le financement de l'accueil de l'enfance est certainement le nerf de la guerre, sous-tendu par des visions contrastées du rôle des prestations et des conditions-cadres nécessaires à la gouvernance. Ainsi, la question des bons de garde revient de manière chronique et suscite des incertitudes chronophages. Une politique publique de l'accueil de l'enfance, incluant offres de droit public et de droit privé, et considérant l'accueil comme un service public, noue des perspectives réjouissantes pour les enfants et les familles. Le cas de la commune de Lutry est exemplaire.
Si la question des bons de garde est discutée au sein de certains cantons, des communes s'approprient aussi du sujet. Ainsi, selon un article du 24 Heures (24.04.25), une élue de Lutry suggère à la commune vaudoise d’aider financièrement les familles qui n’obtiennent pas de places dans le public, faute de disponibilité et considérant que les bons de garde pourraient constituer une alternative.
L’élue calcule qu’une même famille de Lutry paiera 2777 francs par mois (si elle atteint le plafond maximum de la grille tarifaire) pour cinq jours hebdomadaires au sein du réseau public, contre 3385 francs mensuels dans l’une des crèches privées. Cette différence de prix interroge alors que le système vaudois subventionne la grande majorité des structures vaudoises privées, que sont notamment les structures associatives privées à but non lucratif.
Interrogée sur le postulat de l'élue, la Fondation pour l’accueil de jour des enfants confirme qu’il s’agit d’un modèle inédit : « De rares communes subventionnent directement des institutions d’accueil situées sur leur territoire et qui ne font pas partie d’un réseau. L’option débattue à Lutry est encore plus rare. Les communes financent largement l’accueil de jour subventionné (ndlr: 235 millions de francs en 2023) et il est peu probable qu’elles soient enclines à alourdir leurs charges à cet égard. Si elles le font, nous l’ignorons.»
Une politique publique harmonisée pour l'ensemble des offres, qui tient compte de leurs diversités, contribue certainement à une équité des chances pour les enfants et du prix pour les familles. Une telle vision autorise par ailleurs à soutenir le développement quantitatif et qualitatif de l'accueil de l'enfance basé sur des fondations communes.
Crèches vaudoises: des subventions publiques pour des places privées ? (24Heures, 24.04.25)
Pour aller plus loin
Prise de position sur les bons de garde (Pro Enfance, 2023)
Article "La municipalisation des prestations d’accueil de l’enfance : enjeux et défis" (Pro Enfance, 2024) édité à la suite d'une Rencontre en ligne Pro Enfance. La demande exponentielle en places d’accueil couplée aux exigences pédagogiques et aux questions financières mettant sous pression les collectivités locales, certaines d’entre elles revoient alors leur gouvernance et municipalisent leurs prestations. A cette occasion, un modèle vaudois et un modèle genevois ont été introduits.